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Qui Sommes Nous ?

  • : Diane et Xavier à Madagascar
  • : Nous étions à Tuléar, dans le sud ouest de Madagascar, entre septembre 2007 et août 2009, pour travailler avec l'équipe de l'ONG Bel Avenir, en tant que Volontaire de Solidarité Internationale.
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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 08:34

Pour expliquer ce qui se passe actuellement à Madagascar il faudrait plusieurs pages mais nous allons essayer de faire simple.

 

Le maire d’Antananarivo (capitale de Madagascar) élu aux dernières élections municipales en 2008 appartient à un parti politique de l’opposition. Il est originaire de l’ethnie « Merina » (celle de la région d’Antananarivo), est un homme d’affaires, catholique et il fait partie d’une grande famille de la capitale.

Le président malgache, est l’ancien maire d’Antananarivo devenu président en 2002 lors de la dernière crise politique ayant secouée le pays et réélu en décembre 2006. Il est lui aussi « Merina », est protestant et le chef d’entreprise des magasins Magro et de Tiko (agroalimentaire).

Tous ces détails ont beaucoup d’importance dans l’évolution de la crise actuelle car ce sont 2 ennemis qui luttent l’un contre l’autre depuis plusieurs mois déjà.

 

Le décor est posé. En décembre, le président a fait fermer la chaine de télévision du maire de Tana suite à la diffusion d’une interview de l’ancien président en exil en France.

Le maire de Tana a alors posé un ultimatum à la date du 13 janvier au président pour la réouverture de sa chaîne de télévision et pour plus de liberté d’expression.

 

Au 13 janvier, rien n’a bougé. Le maire de Tana décide alors d’aller plus loin et organise un rassemblement à la place du 13 Mai en plein centre ville de Tana. Place symbolique car lieu de départ de tous les derniers changements de président !! (1971, 2002)

 

Suite à cette manifestation ayant rassemblée des milliers de personnes (25 000 environ), les personnes soutenant le maire de Tana ont été invité à se retrouver de nouveau le lundi 26 janvier à Tana. Et là, cela a dérapé : pillage des magasins Magro et des stocks Tiko, pillage de centres commerciaux, émeutes urbaines : voitures brulées, bagarres entre pilleurs etc.

 

Le soir même à Tuléar, les gens sortent dans la rue pour soutenir le mouvement lancé à Tana et dès les premières heures du mardi, la foule s’attaque au magasin Magro, aux stocks Tiko, au ministère BIANCO (Anti-corruption) puis à des stocks de riz et de ciment propriété de commerçants indiens (Karana). Dans ces émeutes où la police et l’armée ne sont pas intervenues il y a eu une quarantaine de mort et de nombreux blessés. Des magasins il ne reste que les murs, tout à disparu même les toits en tôle, les fenêtres, les portes, l’isolation, les ampoules, le carrelage, c’est de la folie !!!

 

Le mercredi rebelote à Tuléar, mais là, la police et l’armée interviennent et défendent les stocks, résultat de nombreux blessés et quelques morts.

 

Diane a vécu ces 2 jours en sécurité sans bouger de la maison, l’ONG ayant fermée comme tous les magasins, services, écoles etc de la ville. Xavier parti en classe verte avec la Collège Français est rentré avec les enfants le mercredi après-midi dans une ville déserte. Le couvre-feu est de rigueur de 19h à 4h du matin.

 

Ces scènes de pillages et d’émeutes urbaines ont aussi eu lieu à Mahajanga, Fianarantsao, Toamasina, Farafagana avec un bilan humain très lourd. 84 décès selon certaines sources, 60 selon le gouvernement mais sans doute beaucoup plus, hélas.

 

La fin de semaine fut calme à Tuléar puisque la ville a fonctionné au ralenti : pas d’école, magasin fermé etc. A Tana, toujours pas de rencontre entre les 2 protagonistes. La communauté internationale se mobilise et envoie des émissaires pour faire dialoguer les 2 parties. L’ONU, l’OUA et la France envoie un émissaire. Des rencontres sont organisées mais la discussion n’avance pas.

 

Le maire de Tana nomme un 1er ministre et plusieurs ministres pour former ainsi un gouvernement de transition, ce qui est son combat. Mais le président malgache ne le voit pas ainsi et demande à ce que la constitution soit respectée et destitue la maire de Tana. La bataille politique est engagée.

 

A Tuléar, le contre coup des pillages se fait rapidement sentir comme dans le reste du pays : hausse des prix de 1ère nécessité (huile, farine, sucre, riz,…), disparition de certains produits des étalages (produits laitiers, etc car produit Tiko !!).

De plus, une ambiance particulière règne car tous les jours l’opposition organise des meetings et tous les samedis des manifestations. On sent que cela peut de nouveau s’enflammer pour un rien.

C’est ce qui s’est passé le jeudi 12 février lorsque des personnes ont tenté de piller un nouvel entrepôt en début d’après-midi. En 5 minutes l’ONG a été fermée comme tous les magasins et tout le monde est rentré chez soi pour se mettre à l’abri. L’armée est intervenue et hélas le bilan humain s’est alourdi (7 morts et de nombreux blessés).

 

Le mercredi 18 février, l’opposition à réussi à prendre 4 ministères (Education, Défense, Aménagement du territoire et Sécurité Intérieure) et à y placer 4 ministres de transition et ce avec le soutien de millier de personnes. Dès le lendemain, l’armée a repris les ministères sans violence et les 4 ministres « officiels » ont repris leur service.

 

Le samedi 21 février, pour la première fois le chef de l’Etat et le Maire de Tana se sont retrouvé à l’Épiscopat et se sont mis d’accord sur 5 engagements afin de sortir de la crise (ne plus avoir recours à la violence, ne plus lancer de rumeur dans les médias, ne plus mettre en prison les opposants, …).

 

Cela va-t-il faire avancer positivement les choses pour arriver à une solution politique et à une sortie de crise rapide ?

 

De notre côté, nous restons donc très prudents et attentifs à l’évolution des évènements à Tana mais aussi à Tuléar. L’ONG continue son travail et tente de maintenir une ambiance de travail.

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