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Qui Sommes Nous ?

  • : Diane et Xavier à Madagascar
  • : Nous étions à Tuléar, dans le sud ouest de Madagascar, entre septembre 2007 et août 2009, pour travailler avec l'équipe de l'ONG Bel Avenir, en tant que Volontaire de Solidarité Internationale.
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7 mars 2009 6 07 /03 /mars /2009 08:18

L’histoire que nous allons vous conter nous a été révélée par un enfant venu d’ailleurs, d’un autre monde. C’est en solidarité à son égard que nous vous livrons ses secrets, ses doutes, ses questionnements, son vécu, son histoire. On n’apprend que de l’autre, quand on accepte de se laisser altérer, de confronter ce que l’on pense à ce qu’il dit, ce que nous sommes à ce qu’il est. Cet apprentissage n’est possible que si l’on s’ouvre suffisamment à autrui pour entendre ce qu’il peut nous apporter.

 

« Il était une fois, un endroit aux abords et attraits magnifiques. Dans ce petit coin, d’une planète inconnue de nous terriens, vivait un enfant et sa famille. Ses ancêtres se sont installés là, ils ont vécu comme lui dans ce petit coin. Ses parents, ses frères et sœurs, ses oncles et tantes, tous essayaient de survivre dans ce petit coin. Mais lui, il savait. Il savait qu’il y avait autre chose derrière sa case, derrière les collines… Un jour, il entendit  les nouvelles de la ville. Il eu envie d’aller voir ailleurs, de découvrir autre chose que son petit coin, de connaître d’autres personnes que sa famille.

 

Il décida donc de prendre son sac et parti. Il parti pour découvrir quelque chose de plus grand que son petit coin. Il commença donc par visiter la ville pour y chercher une occupation et pour s’instruire. Car il se disait que s’il voulait devenir quelqu’un il fallait qu’il sache lire, écrire, compter, écouter, argumenter, confronter ses idées.

 

 Il fit la connaissance d’un homme qui se disait homme d’affaire, président mais qui refusait d’être pris pour un roi. Pour lui la différence était que les rois régnaient sur. Ils ne possèdent pas. Pourtant, de roi, il en avait l’apparat. Cet homme siégeait, habillé de pourpre et d’hermine sur un trône richement décoré, entouré d’une garde prétorienne qui agissait selon son bon vouloir. Il aimait préparer de grandes festivités pour se divertir et montrer combien il était grand. De roi, il en avait aussi le pourvoir, quand l’enfant lui demanda sur quoi il dominait, il lui répondit sur tout ce que tu vois. L’enfant étonné lui demanda si le soleil lui obéissait. Il répondit qu’il avait certes un pouvoir absolu, mais qu’il agissait avec raison. De président, il n’avait que la nomination par son peuple. Elu pour représenter ses concitoyens, il se devait d’être garant d’une démocratie. D’homme d’affaire, il en avait les richesses, la possession, le monopole des biens.

 

En ville, au début, les gens l’acclamaient, ils avaient porté toute leur confiance sur lui, ils savaient que cet homme ne pouvait pas les décevoir, grâce à lui ils avaient l’espoir de vivre autrement.

 

Mais petit à petit les espoirs fondirent, la misère, la lutte pour la survie pris place. L’enfant assista à des mouvements de foules, où des hommes prenaient la parole et d’autres les suivaient, sans se poser de question. La misère régnait, certains de ses pairs mourraient de faim alors que le président s’achetait des biens flamboyants, festoyait avec ses amis, mettait à l’écart ses opposants. La loi du plus fort se mettait en place. L’enfant participa à deux évènements avant-coureurs, qui auraient dû lui mettre la puce à l’oreille.

Il se retrouva dans une réunion où un homme était accusé de prendre de l’argent pour son compte alors que cet argent était destiné à la scolarité d’enfants. La réunion dura longtemps, cet homme corrompu jusqu’aux os, avide d’argent car il pouvait nourrir alors toute sa famille correctement,  essayait de prouver sa bonne volonté future. Il s’adressait à un public d’analphabète, qui ne comprenait pas le problème. Tous lui faisait confiance, car lui savait lire, écrire et compter. A son grand étonnement, l’enfant vis ces gens continuer de donner leur confiance à cet homme qui les soudoyait, il comprit alors que le premier pas vers l’autoritarisme est quand un homme peut convaincre et assujettir par ses mots un groupe de personne. Ce même jour, des manifestations pacifiques étaient prévues dans la ville en opposition à la politique de l’homme qui se disait président mais qui ne voulait pas que l’on le nomme roi. Cet homme habilement, proposa de faire une grande fête en l’honneur de la ville et invita un certains nombres de personnes à se restaurer et à festoyer gaiement. « Du pain et des jeux » telle fut l’idée… Les manifestations d’opposition furent avortées, l’homme asseyait son pouvoir absolu en manipulant son peuple. Mais ce peuple qui l’avait porté au sommet de la hiérarchie politique se lamentait, essayait de survivre.

 

Les jours qui suivirent furent le début du chaos. La foule rassemblée par des pseudos leaders de l’opposition se mit en marche contre la politique de cet homme qui se disait président mais ne voulait pas que l’on le nomme roi. Le peuple poussé par la faim, manipulé par plus puissant que lui, se mis en marche pour détruire tout ce qui représente le président, l’homme d’affaire. La ville s’est transformée en terrain de jeux des pilleurs, des voleurs. Des hommes, des femmes, des enfants ont participé aux pillages des entrepôts de nourriture.  Ils ont lutté pour avoir leur part du gâteau, c’est leur argent qu’ils ont voulu reprendre. Les bâtiments représentant le président ont été saccagés, brûlés. Les gens qui ont récupéré la nourriture, la revende au marché noir, heureux d’avoir de l’argent. L’enfant sait, il sait que le peuple est manœuvré par plus puissant que lui, il sait que le peuple se fait avoir en revendant la nourriture pillée à plus puissant que lui, il sait que cette violence réellement exprimée, cette soit disant liberté retrouvée n’est qu’illusion, n’est qu’anarchie. Les pillages ont engendré un climat de violence, de peur. L’information officielle a été coupée, censurée, les rumeurs ont fait rage amplifiant ce climat d’angoisse collective. Les militaires présents ont regardé, laissé faire, parfois même participé, prenant un bénéfice, puis réagit en tirant : démonstration de la force par les armes. La décadence s’est mise en route. L’enfant poussé par cette folie, embarqué malgré lui, s’est joint lui aussi au mouvement, avant de repartir chez lui, dans son petit coin.»

 

L’enfant est mort, piétiné par la foule en liesse, son voisin est mort en ayant reçu une balle perdue, beaucoup sont morts…

 

Nous ne savons pas la suite de l’histoire, ce que sont devenus ces gens, les tensions, la misère, nous ne savons pas si même il y a une fin… Cet enfant vivait dans un autre monde. Cet autre monde ne peut ressembler au notre, nous ne pourrions pas concevoir un monde comme celui de l’enfant, c’est surréaliste, n’est-ce pas ? Et pourtant, si vous saviez…

 

« Apprendre c’est agrandir progressivement le cercle de sa pensée, y intégrer des éléments nouveaux, de plus en plus éloignés de nos préoccupations immédiates, mais qui précisément permettent, au fur et à mesure, de se comprendre et de comprendre le monde… ». Philippe Merieu

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